SQCDP dans l’industrie : de quoi s’agit-il, et comment en tirer bénéfice ?

Grand classique du management visuel, le tableau de bord SQCDP est abondamment utilisé dans les animations à intervalles courts (AIC) dans l’industrie. De quoi s’agit-il ? Quels indicateurs pour partager les performances en matière de Sécurité, Qualité, Coût, Délai, et Personnel ? Et comment le mettre en place efficacement ?

SQCDP ? C’est l’acronyme de Sécurité, Qualité, Coût, Délai, Personnel. À travers ces 5 dimensions, un tableau de bord SQCDP permet de piloter et d’améliorer en continue la performance opérationnelle d’une usine. C’est l’une des méthode de management visuel et de lean management les plus populaires dans l’industrie, et le modèe de tableau de bord le plus utilisé dans les rituels d’animations à intervalles courts (AIC).

SQCDP : 5 batteries d’indicateurs pour piloter la performance opérationnelle

Un tableau de bord SQCDP se présente de prime abord comme une sorte de calendrier : jour par jour, on peut y visualiser la performance (ou la non-performance) de l’unité de production en termes de sécurité, de qualité, de coût, de délais et de personnel. On y ajoute de plus en plus souvent une sixième dimension : E pour environnement.

Infographie expliquant le SQCDPE

La sécurité

Assurer la sécurité de l’outil de production et des personnes qui le font fonctionner : c’est la première condition de la performance dans l’industrie, et donc la première dimension du SQCDP.

En effet, une sécurité défaillante se traduit par : 

  • des accidents du travail, coûteux pour l’entreprise (et la collectivité), et dommageables en termes de motivation des équipes et de marque employeur,
  • des retards et des surcoûts importants.

 

Sécurité : quels indicateurs ?

Pour suivre l’état de la sécurité dans une unité de production, on va mesurer des indicateurs permettant d’avoir une idée juste : 

  • du “volume” d’incidents de sécurité : nombre d’accidents ou nombre d’événements presque accidentels (EPA) dans la période,
  • de la fréquence des incidents : taux de fréquence (nombre d’accidents ayant donné lieu à une indemnisation rapporté aux heures travaillées), indice de fréquence (nombre d’accidents rapporté au nombre de salariés),
  • de la gravité des incidents : taux de gravité (nombre ds journées perdues par incapacité temporaire rapporté aux heures travaillées) et indice de gravité (somme des taux d’incapacité permanente rapporté aux heures travaillées)…
  • du respect des procédures de sécurité : nombre d’écarts observés par jour/période… 
  • de la hiérarchie des causes d’incident : Pareto ou top 3 des incidents par zone de production, type d’incident…

Visuellement, on tâchera ensuite de représenter ce ou ces indicateurs de sécurité dans une forme “parlante” pour les collaborateurs : courbe des accidents par jour, nombre de jours consécutifs sans accident du travail, ou encore croix sécurité (représentation en croix des jours du mois, avec signalisation des jours sans accident, sans incident, sans accident entraînant arrêt de travail, etc.)

EN SAVOIR PLUS > Qu’est-ce qu’une croix sécurité, et comment l’intégrer à vos rituels du management visuel ?

 

La qualité

Facteur-clé de l’excellence opérationnelle et pilier de toute démarche lean, la Qualité constitue la seconde dimension du SQCDP. Toute sous-performance en matière de qualité a en effet des conséquences sur :

  • la rentabilité de l’entreprise (toute non-qualité détectée entraînant généralement une mise ou rebut et/ou des opérations correctives, donc des surcoûts),
  • la satisfaction des clients, et in fine leur fidélisation.

 

Qualité : quels indicateurs ?

La qualité embrasse un spectre très large, depuis le respect de la conformité des produits jusqu’à celui des exigences des clients, et se décline donc en indicateurs : 

  • de production : PPM (pièce non-conformes par million de pièces produites) ou taux de non-conformité, taux de rebuts ou taux de retours, Pareto ou top 3 des causes de non-qualité…,
  • de satisfaction client : nombre de réclamations ou de litiges, taux de satisfaction ou de recommandation (NPS, Net Promoter Score),
  • de rentabilité : coût de la non-qualité.

Visuellement, la façon la plus efficace de partager ces indicateurs est d’en choisir un, et de l’animer quotidiennement en le comparant à l’objectif. 

Le coût

Il pourrait être le premier élément du tableau de bord, mais le coût est généralement la résultante des 4 autres dimensions du SQCDP, il en occupe donc la place centrale. Le coût est en effet un ingrédient essentiel de la performance de l’entreprise, la non-maîtrise des coûts impactant la marge, le résultat net, et donc : 

  • la capacité d’investissement : laisser les coûts “filer”, c’est se priver de marges de manœuvres pour l’amélioration continue et l’augmentation des capacités de production (achats de machine, recrutement),
  • la compétitivité, avec à la clé une baisse des parts de marché. 

 

Coût : quels indicateurs ?

Pour piloter le coût, on va mesurer et suivre des indicateurs comme : 

  • des coûts “ventilés” par poste : coût de matière, de main-d’œuvre…
  • des coûts synthétiques : coût par unité, coût de revient, 
  • des KPIs de rentabilité : seuil de rentabilité, TRS (taux de rendement synthétique) ou TRG (taux de rendement global)
  • des KPIs analytiques : Pareto ou top 3 des causes de non-performance.

Visuellement, on privilégiera un affichage d’un indicateur en fonction de l’écart par rapport à l’objectif, avec une évolution quotidienne.

Les délais

Respect des échéances, livraison des commandes à la date convenue : le délai représente un enjeu fondamental pour l’image et la performance d’une usine. Il conditionne en effet : 

  • la satisfaction et la fidélisation des clients,
  • la rentabilité (minimisation des indemnités de retard, notamment),
  • la bonne organisation de la production (un retard sur une ligne ou une commande impactant généralement les suivantes).

 

Délai : quels indicateurs ?

Afin de mesurer le respect des délais, on peut s’orienter vers des indicateurs permettant : 

  • de piloter les “ingrédients” du délai : niveau des stocks, nombre de pièces en retard, niveau des en-cours…
  • de suivre le “rythme” de la production : temps de cycle, lead time, takt time…
  • d’évaluer l’atteinte des objectifs : taux de service (rapport entre commandes livrées dans les temps et nombre de commandes totales), profondeur du retard (nombre de jours de retard de la commande la plus ancienne), OTD (On-Time Delivery, soit le taux de commandes livrées à leur date de livraison prévue ou avant)
  • d’établir une hiérarchie des causes de non-tenue des délais (Pareto ou top 3).

 

Le personnel

Le “P” de “Personnes” ou “Personnel” constitue un ajout plus récent au SQCDP (autrefois SQCD). Dans l’optique d’avoir une “photographie” précise de la performance d’une usine, la dimension “ressources humaines” a effectivement une importance fondamentale pour : 

  • s’assurer de disposer d’opérateurs présents, compétents, productifs, proactifs…
  • fidéliser un capital humain motivé, et contributeur de la performance. 

 

Personnel : quels indicateurs ?

Pour la dimension “Personnel” du tableau de bord SQCDP, on choisit des indicateurs :  

  • quantitatifs : taux d’absentéisme ou de présentéisme, turnover (nombre de départs et d’arrivées rapportée à l’effectif total),
  • qualitatifs : baromètre/météo du moral, taux d’implication, taux de satisfaction interne
  • axés sur les compétences : taux de formation ou de qualification sur certains postes ou savoir-faire…

 

VISITE GUIDÉE

 

Revue des indicateurs, suivi de plans d’action, escalation d’informations : visionnez la démonstration de notre dernier modèle de wallboard SQCDP

 

Du SQCDP au SQCDPE : l’Environnement, nouvelle dimension de la performance des industriels ?

Urgence climatique et hausse des coûts de l’énergie oblige, la dimension environnementale prend de plus en plus d’importance dans l’industrie. Elle s’impose d’ailleurs petit à petit dans les cahiers des charges des grands donneurs d’ordre, qui pour établir leur bilan carbone demandent à leurs sous-traitants de leur fournir des données précises.

Piloter ses consommations énergétiques va donc devenir stratégique pour les industriels, et le “E” d’Environnement s’imposer comme la sixième dimension du SQCDPE.

Environnement : quels indicateurs ?

Pour mesurer l’efficacité environnementale d’une usine, les indicateurs sont : 

  • la consommation d’énergie : totale, par machine, ligne ou atelier, par référence, exprimée en KWh ou convertie en coût
  • les consommations de ressources comme l’eau, par machine, ligne, référence… 

S’agissant d’un enjeu relativement “neuf” dans la mesure de la performance d’une unité de production, le choix d’une “traduction” visuelle simple et compréhensible revêt une importance toute particulière.

 

POUR ALLER PLUS LOIN > Piloter vos consommations énergétiques dans l’industrie : comment tirer parti du management visuel ? 

 

Appliquer la méthode SQCDP : 3 étapes pour la mettre en place

Comme pour tous rituels d’AIC (animation à intervalles courts), qui s’articulent souvent autour de supports de type SQCDP, les bénéfices de cette “boussole de performance” sont nombreux : 

  • créer une vision claire, transparente et partagée de la performance de l’usine,
  • faciliter la transmission des informations entre les équipes, 
  • détecter et enclencher plus efficacement la résolution des problèmes,
  • autonomiser et responsabiliser les collaborateurs. 

Voici la marche à suivre pour adopter le SQCDP comme méthode d’affichage de la performance.  

À LIRE AUSSI > Qu’est-ce qu’une AIC ?

 

1. Identifier les indicateurs à utiliser

Plus on dispose de données, plus grande est la tentation de multiplier les KPIs : il faut y résister ! Un tableau de bord SQCDP s’utilise dans le cadre de points d’équipe (très) courts, et votre équipe va passer approximativement 1 minute par dimension (Sécurité, Qualité, Coût…). Il s’agit donc d’aller à l’essentiel !

Pour chaque section du tableau de bord, il va donc falloir choisir un indicateur : 

  • exploitable : il faut pouvoir le récupérer et l’afficher sans faute chaque jour,
  • compréhensible : si possible un KPI avec lequel les équipes sont familières, ou au moins aisé à expliquer,
  • comparable : une valeur absolue en soi n’exprime rien… il faut pouvoir la rapporter à un standard ou à un objectif.

 

2. Concevoir le tableau de bord SQCDP

À ce stade, il s’agit de mettre en forme les indicateurs : 

  • format : graphique, pictogramme, courbe ou chiffres, 
  • codes couleurs : vert pour un objectif atteint ou dépassé, rouge pour une défaillance, orange en cas de petite sous-performance…

Il faut également prévoir la mise en forme globale du tableau de bord, et les éventuels écrans secondaires (accessibles au clic si vous disposez d’écrans tactiles pour vos rituels d’animation).

Pour vous inspirer, n’hésitez pas à consulter notre galerie de modèles de wallboards AIC/SQCDP et à visionner la démo vidéo de notre dernière template SQCDP.

3. Organiser les rituels et les points de diffusion du tableau de bord

Pour qu’ils soient efficaces, les panneaux (ou écrans) doivent être adaptés à chaque niveau de communication et à l’espace alloué. Nous pouvons distinguer trois types de panneaux : le panneau flash, le panneau central d’équipe et le panneau d’usine et d’accueil.

  • Panneau flash : pour les opérateurs, la communication sera plus efficace au plus près de leur poste de travail avec la mise à disposition de documentation adaptée, d’un tableau de gestion de la production, d’indicateurs de performance de la machine…
  • Panneau central d’équipe : au niveau des espaces de briefs d’équipe (ou îlots), un tableau compact sera le plus adapté. Cela permet de communiquer l’information utile au bilan de la journée et de l’équipe.
  • Panneau de secteur : au niveau des ateliers (ou secteurs), un tableau plus grand sera alors utile pour synthétiser l’activité de l’ensemble des îlots. C’est également un panneau central au niveau du secteur.
  • Panneau d’usine et d’accueil, enfin : au niveau de l’usine, un espace convivial pourra être aménagé afin d’accueillir toutes les équipes et de faire le point sur l’avancement des projets. Là encore, un panneau ou un écran interactif permettra d’attirer l’attention des collaborateurs et de rendre les réunions plus dynamiques et intéressantes.

Bien évidemment, chaque entreprise est différente, les espaces alloués également, ces conseils sont alors à adapter à chaque situation.

exemple de rituel SQCDP chez Metso
Exemple d’animation à intervalles courts autour d’un tableau de bord (wallboard) SQCDP chez notre client Metso

Le SQCDP digital : une vision plus riche, une charge de travail moins importante

Le fonctionnement traditionnel d’un SQCDP est le suivant : à la fin de chaque journée (ou shift) l’équipe se rassemble pour une courte réunion, et colorie la case du jour pour chacun des indicateurs SQCDP : 

  • en vert si tout s’est déroulé comme désiré (objectifs atteints),
  • en rouge si un problème est survenu, auquel cas il faut proposer un plan d’action correctif.

Un SQCDP digital conserve ce fonctionnement par jour et par code couleur, pour faciliter la lisibilité des informations. Mais il va permettre d’ajouter plusieurs “couches” d’informations : 

  • en amont du rituel d’AIC : certaines données remontent des machines, d’autres des opérateurs, comme les déclarations d’incidents via formulaires (avec cause, photo, description…)
  • durant le rituel : à la place d’une vue unique figée, le tableau de bord SQCDP digital offre des vues filtrées (par zone, par niveau, par thème), et des écrans secondaires pour visualiser les détails de chaque dimension Sécurité, Qualité, Coût, Délai…
  • en aval du rituel d’AIC : tout est informatisé, donc historisé, analysable et traçable. Les plans d’action peuvent être triés et assortis de suivis et de rappels, les indicateurs retraités pour faire remonter des causes récurrentes par exemple…

 

 

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